Mon mari et moi sommes des gens raffinés. Et nous détestons tout ce qui peut être sauvage ou trop brut. L’être humain a évolué pour pouvoir adapter son environnement à son mode de vie. Il n’y a rien de moins naturel qu’une station balnéaire, et nous adorons ça ! Nous venons en bord de mer puisqu’il y a le soleil, l’eau et la plage. Mais tout ceci est trop basique et trop rudimentaire, du coup nous nous protégeons du soleil avec des parasols, nous ne nous baignons pas (un brumisateur est suffisant pour se rafraichir) et nous ne nous allongeons pas à même le sable, nous ne sommes pas des bêtes. Nous songeons même à supprimer cette mode ridicule du maillot de bain.
Mon mari a eu le bon goût de venir en costume avec un parasol directement apposé sur sa tête. C’est tellement plus pratique. Il reste élégant et n’est pas obligé d’exposer son corps à toutes les autres personnes du club ! Il faut savoir rester digne et pudique. Nous ne comprenons pas ces gens qui s’affalent comme des otaries échouées en plein soleil pour avoir bonne mine une fois revenus à leur travail. Doit-on subir ce spectacle affligeant juste pour que vous ayez bonne mine une fois de retour chez vous ? Un peu de bon sens et de tenue s’il vous plait.
Mon mari a eu une autre idée merveilleuse. Nous allons nettoyer la mer ! Rien à voir avec ces activistes ridicules qui souhaitent enlever les deux ou trois sacs plastiques qu’ils prétendent voir partout, non. Nous allons justement éliminer tous ces animaux dangereux qui peuplent cette mer d’apparence si paisible, mais dans laquelle nos enfants sont en danger (oui car même si nous ne nous baignons pas, nous laissons les enfants y aller, que voulez-vous…). Donc nous allons organiser un nettoyage complet de la baie. Une hystérique l’autre jour disait à mon mari « mais vous vous rendez compte que vous tuez des animaux dans leur habitat naturel pour votre propre plaisir ?! Vous allez ensuite tuer tous les ours pour pouvoir habiliter leurs grottes pour vos cocktails en hiver !? ». Son idée, était pertinente, nous ne savons jamais où bruncher au chaud l’hiver.
Photos: Marie-Laure Bragard
Texte: Anthony Navale